Oshogatsu, le nouvel an japonais

Aala 6 janvier 2014 2
Oshogatsu, le nouvel an japonais

Le nouvel an au Japon, qui se passe essentiellement en famille, se déroule en trois étapes bien distinctes et qui courent du mois de décembre jusqu’aux premiers jours du mois de janvier. Je vous propose de découvrir ici l’ensemble de ces traditions.

Dès le 26 décembre tout ce qui a attrait à Noël au Japon disparait de la circulation et le nouvel an prend entièrement place au pays du Soleil-Levant même si, bien évidemment, on en voyait des traces bien avant cette date là.

Oshogatsu, les basiques à connaître

Dans le temps, le nouvel an japonais était célébré sur la base du calendrier chinois, mais en 1873, avec l’adoption du calendrier Grégorien, la célébration commença à se dérouler tous les ans le 1er janvier. Il s’agit tout simplement d’une des célébrations les plus importantes de l’année, et elle est l’occasion de rentrer dans sa famille pour les fêtes, ce qui cause une hausse des voyages en cette période de l’année, tout comme durant O-bon ou bien encore la Golden Week.

Le nouvel an japonais est appelé Oshogatsu (お正). Il a de fortes connotations religieuses, même si elles ne sont plus nécessairement à l’esprit des Japonais durant les célébrations et divers rituels qui prennent place. C’est une fête qui se déroule essentiellement en famille.

Le 1er janvier appelé Ganjitsu (元日) est un jour férié et il est courant de voir les entreprises fermer leurs portes du 1er au 3 janvier, souvent même à compter du 29 décembre, ce qui crée une semaine de vacances pour les Japonais.

L’année japonaise est toujours basée sur l’horoscope chinois et ainsi chaque année dispose de son propre signe du zodiaque sur le schéma suivant :

  • 2010 : tigre
  • 2011 : lapin
  • 2012 : dragon
  • 2013 : serpent
  • 2014 : cheval
  • 2015 : mouton
  • 2016 : singe
  • 2017 : coq
  • 2018 : chien
  • 2019 : cochon
  • 2020 : rat
  • 2021 : buffle
  • 2022 : tigre
  • 2023 : lapin
  • 2024 : dragon
  • 2025 : serpent

Décembre, les grands préparatifs

Dès que le mois de décembre pointe le bout de son nez on sent le nouvel an approcher à grand pas au Japon et les préparatifs qui vont avec. Rapidement, les Bonenkai (忘年会), ces fêtes de fin d’année destinées à faire table rase de l’année écoulée, commencent à prendre place, jour après jour, entre amis et collègues de travail. Plus les semaines passent et plus elles peuvent être nombreuses et les Izakaya vont voir leur activité exploser.

Ensuite, vient le temps du Nenmatsu no Osoji (年末の大掃除), le grand ménage de fin d’année, qui veut que l’on nettoie entièrement chez soit, que l’on sorte les tatamis, récure les moindres recoins de sa maison avec pour but de bien accueillir la divinité du nouvel an, Toshigami (年神様).

En parallèle à cela il faut rapidement s’atteler à rédiger et envoyer les Nengajo (年賀状), les cartes de vœux du nouvel an. Chaque foyer en envoyant une moyenne comprise entre 50 et 100, cette activité peut vite représenter une grosse charge de travail, surtout si elles sont écrites à la main, ce qui est encore souvent le cas. Il faut absolument les poster, en général, entre le 15 et le 25 décembre afin qu’elles arrivent le 1er janvier chez leurs destinataires.

Dès que les derniers jours du mois de décembre approchent, il est temps de s’atteler à la préparation des Osechi Ryori (御節料理), ces plats du nouvel an. Traditionnellement, ils sont préparés au sein du foyer et destinés à être consommés les trois premiers jours de l’année mais de nos jours il est courant d’aller les commander en magasin et de les recevoir pour le 31 décembre, tout préparé.

Il est aussi l’occasion de décorer sa maisonnée aux couleurs de la nouvelle année, toujours dans le but de s’attirer les faveurs de la divinité Toshigami, lors de sa visite en début d’année, et se protéger des démons. On placera ainsi des Kadomatsu (門松) et autres Shimenawa (しめ縄) devant la porte de sa maison, tandis qu’à l’intérieur on déposera un Kagami Mochi ().

Le réveillon du 31 décembre

Ce jour est appelé Omisoka (大晦日) et se passe au sein de sa famille, plus rarement entre amis. C’est l’occasion de regarder la télévision et notamment l’émission appelée Kohaku Uta Gassen (紅白歌合戦), émission musicale au succès indéniable depuis 1951 et diffusée sur la chaîne NHK. Au cours de cette émission deux équipes de chanteurs, les filles contre les garçons, s’affrontent pour le titre de meilleure équipe, décerné par les téléspectateurs.

En ce jour de réveillon du nouvel an au Japon il est de coutume de manger, entièrement, un plat de Toshikoshi (年越し), des soba, udon ou autres nouilles qui avec leur forme longue représentent la longévité. L’avantage de ce plat est aussi qu’il se prépare rapidement, sans difficulté et permet ainsi de savourer un met rapide après les durs labeurs à préparer le nouvel an.

Nombreux sont les Japonais qui se rendent dans un sanctuaire (Shinto) ou un temple (Bouddhiste) pour le Joya no Kane (除夜の鐘). Cette cérémonie consiste à faire sonner la cloche 108 fois, chiffre correspondant aux 108 tentations terrestres dans le culte Bouddhiste et dont il faut se débarrasser pour vivre bien.

De nos jours il n’est pas rare de voir des Japonais, notamment parmi les plus jeunes, célébrer le nouvel an dans des soirées, bars et autres emplacements où des évènements prennent place, un peu loin des traditions familiales. Diverses raisons peuvent expliquer ce phénomène : éloignement avec la famille, envie de fêter l’évènement autrement, envie de célébrer avec des amis étrangers, …

Les premiers jours de janvier

On entre là dans la période nommée Sanganichi (三が日) qui est celle allant du 1er au 3 janvier inclus. Durant ces trois jours, il est de coutume de passer du temps en famille et de faire quelques rituels de débuts d’année.

On commence le 1er janvier en allant observer le premier lever du soleil appelé Hatsuhinode (初日の出). Selon la localisation ceci peut se faire en bord de plage, en hauteur (montagne, colline, bâtiment, …) ou tout autre endroit permettant de voir le soleil se lever.

On consomme la soupe nommée O-zoni (), plat remontant à la période Muromachi (1336 – 1573). Ensuite, durant les trois premiers jours de l’année, il est de coutume de consommer les Osechi Ryori car on n’est pas censé cuisiner durant cette période.

Il est aussi de coutume de boire O-toso (お屠), du saké avec des herbes médicinales destiné à faire partir les maladies de l’année précédente tout en espérant avoir une longue vie. De plus, il est bon de manger des Mochi (餅), un met japonais à base de riz gluant, parfois meurtrier auprès des personnes âgées qui s’étouffent en le mangeant.

Durant la première journée de l’année il est de coutume d’offrir des enveloppes décorées appelées Otoshidama (お年玉) aux enfants. Ces enveloppes contiennent de l’argent en billets de Yens, le montant allant en général de 1.000 à 10.000 Yens. Elles sont offertes par les membres de la famille et peuvent vite représenter un certain pécule pour les bambins.

De plus, cette première journée est idéale pour se « reposer » en famille et profiter de ces instants pour s’amuser ensemble. C’est l’occasion de pratiquer certains jeux traditionnels tels que :

  • Hanetsuki (羽根突き) sorte de badminton japonais
  • Takoage (凧揚げ) cerf-volant
  • Karuta (カルタ) jeu de cartes traditionnel
  • Koma (独楽) toupie
  • Sugoroku (双六) jeu de société traditionnel

Cette période est aussi propice pour souhaiter la bonne année en japonais aux membres de sa famille, ses proches, ses amis et ses connaissances. Aujourd’hui avec l’avènement des nouvelles technologies il est devenu facile de le faire via les réseaux sociaux, téléphones ou autres e-mails, en plus d’avoir envoyé des Nengajo.

Durant les trois premiers jours de l’année, les Japonais se rendront aux temples ou sanctuaires pour leur première visite de l’année qui est appelée Hatsumode (). Ceci à tendance à créer une forte affluence sur place, avec certains temples ou sanctuaires, tels que Meiji Jingu, Naritasan, Kawasaki Daishi, Senso-ji ou bien encore Fushimi Inari attirant plusieurs millions de Japonais venus prier.

Le 2 janvier est marqué par les discours de l’empereur du Japon depuis les balcons du palais impérial à Tokyo, un rituel annuel que la foule vient acclamer en masse tout en agitant des drapeaux japonais.

Dès le 2 janvier, les magasins étant généralement fermés le 1er janvier, est proposé à la vente ce qui est appelé des Fukubukuro (福袋), des sacs de la chance. En général il s’agit d’un sac qui contient un certain nombre de produits (alimentaires, vestimentaires, électroniques, …) d’une valeur bien supérieure à celle d’achat. Ainsi, si vous achetez un sac d’une valeur de 10.000 Yens, sa valeur réelle pourrait être 15.000 Yens, par exemple. Les plus célèbres de ces Fukubukuro restent ceux des magasins Apple qui sont prisés par la foule.

Enfin, l’année s’étant terminée avec les Bonenkai, il n’est pas rare de commencer la nouvelle avec des Shinenkai, ces soirées destinés à commencer la nouvelle année sur de bonnes bases, avec ses amis et autres collègues de travail.

Vous pourrez aussi profiter de ce début d’année pour vous fixer de nouveaux objectifs et utiliser un Daruma () pour les matérialiser. Ces petites « poupées » ont les yeux blancs. Une fois les objectifs / vœux décidés vous coloriez un œil en noir. Lorsque l’objectif / vœu est atteint, vous pourrez colorier le deuxième œil pour matérialiser votre réussite.

Comme vous le voyez, le nouvel an japonais est affaire de traditions et de famille. On le prépare à l’avance pour en profiter au maximum une fois venu. Alors bonne année à tous.

2 Comments »

  1. keishirou 8 novembre 2014 at 9 h 32 min - Reply

    Vrament superbe comme article, qui de plus tombe a pic. Je serais au Japon justement pour la fin d’année :D. sauf que Noël seras sur Tokyo et le nouvel an sur Hiroshima.

    avec l’article vais pouvoir encore mieux me preparer, surtout sur les phrases a dire.

    • tunimaal 20 novembre 2014 at 7 h 42 min - Reply

      Parfait alors dans ce cas, et profites-en un max.

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