Pompoko – critique et analyse

Nicolas 13 juin 2016 0
Pompoko – critique et analyse

Découvrons ensemble Pompoko, film d’animation réalisé par Isao Takahata et produit par le Studio Ghibli. Drame et joie sont entremêlés dans cette œuvre engagée dans la lutte pour la sauvegarde de la nature.

« Pompoko » ( 平成狸合戦ぽんぽこ  – Heisei tanuki gassen ponpoko ) est sorti en 1994 au Japon, il faudra patienter jusqu’à 2005 pour le voir en France, plus de 10 ans après. Ce film jongle entre la bonne humeur des tanuki et l’expansion humaine. La vie des êtres de la forêt est bouleversée et profondément modifiée à chaque étape de la construction de la nouvelle ville.

Synopsis :

Le film prend naissance dans les années 1960 au Japon. Avant cette période, les tanuki vivaient librement en harmonie avec les autres habitants, les humains. Chacun avait sa place, tout était paisible. Puis vint le temps de la croissance, le manque d’habitations se fait ressentir dans la capitale, les autorités débutent la construction de nouveaux foyers dans la vallée de Tama située à l’ouest de Tokyo. Les tanuki décident de réagir à l’envahisseur, il faut absolument le repousser, leur forêt est menacée, leur vie même est en danger ! L’harmonie se brise et nous contemplons la bataille des animaux pour préserver leur lieu de vie.

Les héros de Pompoko, les tanuki !

Ce sont des ratons laveurs ayant 3 formes différentes dans le film.

  • La forme la plus courante, celle que nous connaissons tous, l’animal sauvage présent dans nos contrées. De beaux détails, de beaux cris émis par les animaux, un beau rendu avec une finesse du dessin très agréable et réaliste.
  • La forme d’extase des tanuki est la plus étrange. Le dessin change sensiblement, il s’agit d’un clin d’œil voir d’un hommage au manga prénommé 808 Tanuki de Shigeru Sugiura. On les observe comme cela à différentes occasions, lors d’une joie extrême ou d’une ivresse mal gérée !
  • Puis la forme la plus intéressante, celle nous ressemblant. Il est dit dans le film que tout tanuki qui se respecte, lorsqu’aucun humain ne peut le voir, marche sur deux pattes ! Il se redresse et devient un animal bipède s’apparentant à l’homme. Cela donne naissance à des situations similaires à celles que nous connaissons dans la vie actuelle, parfois drôles, parfois poignantes et touchantes.

Il existe des tanuki maitrisant le « grand art », il s’agit d’une technique permettant la transformation en être humain, en esprit, en tout ce que l’on veut. Cet art nécessitant discipline et concentration n’est pas maîtrisable par tous. Il est également dangereux et peut provoquer la mort lors d’une sur-utilisation, c’est ce qui arrive à Inugami, un des trois anciens tanuki, lors de la parade des Yokai. Au début du film, la majorité des plus âgés de la tribu a oublié comment se transformer, il est alors décidé d’éduquer les plus jeunes. Finalement, deux se distingueront : Gonta, qui représente le côté belliqueux des tanuki et Shokichi, qui évoque gaieté et sagesse. En résumé, les tanuki sont un appréciable mélange d’espièglerie, d’oisiveté et de joie de vivre. Tantôt enthousiastes, ils font la fête, mangent et boivent. Tantôt sérieux, ils entreprennent de nombreuses actions pour endiguer le flot de béton. Néanmoins, ce sont majoritairement des créatures insouciantes préférant profiter de la vie sans se la compliquer comme l’explique cette chanson dans le film : « Tanuki Tanuki, viens jouer avec nous. Impossible je mange ».

Protégeons-la forêt !

Je trouve que ce film, très engagé, est à la fois une source de joie et de mal être. Quand les tanuki se battent entre eux ou lorsqu’ils jouent, voir même quand ils se transforment pour faire peur aux humains, ils ont un côté enfantin, touchant, nous entraînant dans leur jeu et nous donnant de la gaieté. Cependant, lorsque la mort les rattrape ou lorsque des humains sont tués, la joie se dissipe, la réalité reprend place. Pompoko est un film assez dur à regarder pour les enfants et pour ceux aimant la nature. Néanmoins, Isao Takahata achève son récit par une note plutôt positive, les tanuki restant vivent en harmonie avec leur environnement et réussissent à atteindre le  bonheur. Dans la même optique, Hayao Miyazaki organise chaque année un nettoyage de forêt, il est président de l’association « Fuchi no Mori no Kai ». Il a même participé à la protection de la nature via un don de 300 000 000 yens (environ 2.5 millions d’euros) pour protéger la forêt qui l’a inspiré pour réaliser Mon voisin Totoro.

Une oeuvre pleine de références

Plusieurs références ce sont glissées tout au long du film, tantôt au studio Ghibli, tantôt au folklore japonais. De nombreux Yokai, créatures fantastiques de la mythologie japonaise dont les tsukumogami (monstres objets), sont représentés. On aperçoit par exemple le Bakezōri (la sandale-fantôme), le Noppera-bō (fantôme sans visage), le Kasa-Obake (ombrelle cyclope et unijambiste). Fūjin et Raijin, respectivement les divinités du vent et du tonnerre, font également une apparition. Tous ces personnages sont présents durant la parade organisée par les anciens pour défendre le peuple tanuki. En y regardant de plus près, vous verrez également l’univers Ghibli apparaître. Au départ du défilé, nous suivons un dragon et des tanuki voyageant à l’intérieur de bulles de savon avec, en arrière-plan, Totoro, Kiki la petite sorcière et Porco rosso qui apparaissent un court instant. Il s’agit d’un hommage discret à d’autres films du même studio.

Pompoko est un film que j’ai adoré mais qui m’a profondément touché, que ce soit vis-à-vis de la nature et du message véhiculé ou de l’amusement de voir des ratons laveurs faire des espiègleries. Et même au-delà de ça, les derniers instants du film devraient parler à beaucoup d’entre nous. Vous qui voyagez, par plaisir ou par nécessité, n’oubliez pas cette chanson entonnée à la fin de l’histoire. « Il y aura surement, surement toujours quelqu’un avec moi. Même si ton village natal est bien loin désormais, n’oublie jamais l’odeur du vent qui te berçait. » Et vous, qu’avez-vous pensez du film ?

 

 

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