Arrietty, le petit monde des chapardeurs – Analyse

Nicolas 29 juin 2016 0
Arrietty, le petit monde des chapardeurs – Analyse

Plongeons dans un univers enchanteur peuplé de personnages minuscules et attachants. Arrietty, le petit monde des chapardeurs est un film du studio Ghibli basé sur un scénario de Hayao Miyazaki.

Sorti en juin 2010 au Japon et en janvier 2011 en France, « Arrietty le petit monde des chapardeurs » ( 借りぐらしのアリエッティ – Karigurashi no Ariettiest réalisé par Hiromasa Yonebayashi qui a participé à l’animation du Voyage de Chihiro et des Contes de Terremer. Il sera également le réalisateur des Souvenirs de Marnie en 2014 avant de quitter le Studio Ghibli.

Synopsis :

Imaginez le plancher d’une ancienne maison située dans la banlieue de Tokyo et entourée d’un jardin s’étendant à perte de vue. Ce plancher abrite toute une famille de chapardeurs dont Arrietty, jeune fille de 14 ans. La vie semble facile, néanmoins, pour survivre, ils ne doivent pas être vus, ni attirer l’attention. Un chapardeur ne doit pas prendre plus que nécessaire et en infime quantité dans tous les cas. Il doit faire attention aux humains et aux animaux. Tout était codifié avant que Shô, un humain, ne débarque dans cette maison. La vie d’Arrietty sera d’ailleurs transformée par son arrivée. Le film est basé sur la rencontre et la naissance d’une amitié entre ces deux personnes.

Arrietty, le petit monde des chapardeurs : beaucoup de déjà vu !

Il est parfois difficile de créer de nouveaux films, de s’extirper de son mode de fonctionnement et de proposer du contenu que l’on pourrait qualifier d’innovant. Arrietty est dans la même veine que bon nombre de réalisations du Studio Ghibli. Bien entendu, ce n’est pas forcément un mal mais cela le devient quand l’œuvre que l’on propose n’est pas au niveau de celles que l’on a déjà dévoilées. Vous l’aurez compris avec cette petite introduction mais le petit monde des chapardeurs n’innove pas et cela porte préjudice au film. En premier lieu, intéressons-nous à la thématique du film. Deux univers que tout oppose peuvent-ils vraiment cohabiter ? Une minuscule personne rencontre un être d’une taille immense, elle ne devrait pas s’en approcher, c’est un risque incommensurable, mais pourtant elle le fait. C’est exactement ce que l’on retrouve dans Nausicaa et la vallée du vent où l’héroïne est la seule à considérer en bien ce que les autres personnages considèrent comme une menace, la forêt. En second lieu, Arrietty est une héroïne miyazakienne typique, elle est forte, déterminée, aventureuse et n’hésite pas à braver le danger comme le fait très bien San de Princesse Mononoke par exemple, même si ce n’est évidemment pas le même contexte. Attardons-nous brièvement sur Haru qui veut à tout prix chasser les chapardeurs alors que ceux-ci tentent de vivre en s’adaptant grâce à des règles précises. On retrouve ce système dans Pompoko et la survie des tanuki. Et finalement, le manque de suspens et l’absence de danger est ce qui me dérange le plus. Mon voisin Totoro ayant le même défaut à mes yeux. L’histoire est trop légère à mon goût. Néanmoins cette critique n’est à prendre en compte qu’en considérant les dates de sortie des autres films. Arrietty, le petit monde des chapardeurs aurait été le premier, mon article aurait été fort différent.

Un manque de profondeur

On apprend que cette famille de petits êtres serait la dernière, que les chapardeurs se sont presque tous éteints. Cette affirmation nous amène à nous poser plusieurs questions. Comment les personnages le savent-ils ? Qui aurait exterminé les autres familles ? J’aurais apprécié que le narrateur l’explique au début du film ou au détour d’une scène nostalgique en nous racontant l’histoire de ce peuple. De plus, ils ne sont pas les derniers, un nouveau chapardeur nommé Spiller apparaît pendant le film bouleversant les postulats de départ. Ce qui amène forcément d’autres questions qui n’auront également aucune réponse. Je regrette le manque de profondeur de ce film qui aurait pu me transporter dans son univers beaucoup plus que ce qu’il ne l’a fait. A ceci s’ajoute la non existence des personnages secondaires. Shô est un jeune homme gravement malade dont le destin est dévoilé dès les premiers instants du film. Vous pouvez entendre sa voix au commencement de l’œuvre, il permet l’introduction de l’univers. D’une part on n’entendra plus jamais cette voix off, ce qui est plutôt bizarre, et d’autre part, comme il raconte l’histoire, la scène de sa possible mort n’est pas aussi dramatique qu’elle pourrait l’être car on sait pertinemment qu’il a survécu pour nous conter son aventure. De plus, aucune scène dans le film ne nous permet d’apprécier réellement Shô, son charisme frôle le néant absolu et il est particulièrement amorphe. Les parents de l’héroïne et Spiller ne relèvent malheureusement pas le niveau des personnages secondaires et sont également trop effacés face à l’aura que dégage Arrietty.

Une réalisation artistique époustouflante

Malgré tous les points évoqués précédemment, le film a de nombreux atouts qu’il ne faut pas négliger. Tout d’abord il met en place un univers graphique des plus agréable. Le design des personnages, un peu à l’ancienne, fonctionne particulièrement bien avec les décors en arrière-plan. Et ce sont ces paysages qui retiennent mon attention. Certaines scènes sont magnifiques ! La finesse du jardin et de l’extérieur, les couleurs et les détails de la chambre, je suis conquis par ce style. L’autre point non négligeable est la bande sonore. Nous avons l’impression d’être à la place d’un chapardeur, comme si nous entendions les sons à travers ses oreilles, c’est une immersion tantôt agréable, tantôt surprenante lorsque la pluie tombe ou que le réfrigérateur fonctionne. Mais ce n’est pas tout, une Française s’est illustrée par ses qualités musicales, elle se prénomme Cécile Corbel. Sa musique est à consonance celtique et sa maîtrise du chant nous emporte directement dans le petit monde des chapardeurs. C’est un bonheur de regarder ce film avec des mélodies appropriées. Vous l’aurez compris, ce n’est pas réellement le scénario qui m’a le plus convaincu dans cette œuvre mais plutôt les autres aspects artistiques.

Arrietty, le petit monde des chapardeurs n’est pas le meilleur Ghibli mais il nous apporte une certaine fraîcheur, une ambiance et une musique vraiment agréable qui font que ce film d’animation, malgré tout ce que j’ai pu dire dans la première partie de l’article, fait partie de ceux que j’apprécie ! Et pour vous, Arrietty se classe-t-elle au-dessus de Chihiro et Totoro ? Se tient-elle fièrement aux côtés de Ponyo ?

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